OPAH-RU : la réhabilitation à l'œuvre

Trois ans après le lancement de l’OPAH-RU « Action Cœur de Ville », les premières grandes réhabilitations d’immeubles arrivent à leur terme. Ces chantiers renouvellent le bâti et l’offre de logements privés dans le centre ancien d’Aurillac.
Publiée le jeudi 6 octobre 2022

Un immeuble du centre-ville inhabité depuis plusieurs décennies entièrement rénové, une ancienne gendarmerie réhabilitée en plusieurs appartements, la sauvegarde d’un immeuble en péril... Plusieurs projets d’envergure financés dans le cadre de l’Opération Programmée d’Amélioration de l’Habitat et de Renouvellement Urbain (OPAH-RU) « Action Cœur de Ville » arrivent en fin de chantier. Une visite d'immeubles réhabilités était organisée jeudi 6 octobre en présence des propriétaires, de Caroline Weill, représentant le Préfet du Cantal, d'élus communautaires et municipaux, de représentants des partenaires de l'opération, en particulier l'Anah et Action Logement, ainsi que de l'opérateur chargé de l'animation de l'OPAH : SOliHA Cantal.

Lancé en 2019 pour cinq ans par la CABA, ce dispositif permet de soutenir les porteurs de projet qui souhaitent investir dans le centre ancien d’Aurillac. « Ces opérations d'amélioration de l'habitat font partie intégrante de la stratégie de reconquête de l'habitat ancien en centre-ville et plus largement en centre-bourg », précise Pierre Mathonier, Président de la Communauté d'Agglomération et Maire d'Aurillac. A ce jour, 56 logements ont d’ores et déjà bénéficié de financements OPAH-RU dont 19 de propriétaires occupants et 37 destinés à du locatif. Un intérêt particulier est porté à la réhabilitation d’immeubles en totalité : en travaillant à cette échelle, il est possible de traiter à la fois les parties privatives, les parties communes et d’intervenir plus efficacement sur l’amélioration des performances thermiques.

C'est notamment le cas au 31 rue du 14 juillet. Habitée à la fin du XIXe siècle par les officiers de gendarmerie, cette maison bourgeoise avait ensuite été vendue à des particuliers. Ann et Michel Teyssou l’ont acquise en décembre 2017. « Nous habitons un hameau isolé et nous souhaitions avoir un pied à terre plus proche des commodités pour nos vieux jours, expliquent-ils. Nous cherchions donc un endroit avec un petit peu de terrain ou une terrasse et nous avons vu ce bien à vendre. » D’abord séduits par les anciennes écuries à l’arrière du bâtiment, le couple a finalement décidé de se lancer dans l’aventure de la rénovation complète.

« Ce projet était une petite folie ! »

Façade, isolation, toiture, plâtrerie, peinture, électricité... Tout en gardant le charme de l’ancien, l’ensemble du bâtiment a été réhabilité afin de créer 4 logements locatifs d’une superficie allant de 30 m2 à 76 m2 (2 T2 et 2 T4). Chose peu commune en centre-ville : deux des appartements bénéficient désormais d’une terrasse. « Nous avons eu l’opportunité de créer ces terrasses et nous l’avons saisie, indique Michel Teyssou. Ce n’est pas parce qu’il s’agit de logements conventionnés que nous devons faire les choses au rabais. »

Rénovée avec des matériaux biosourcés et écologiques (isolation à base de laine de bois et ouate de cellulose, bois brut huilé...), la bâtisse est également raccordée au réseau de chaleur bois. Avec un coût de 750 000 €, soutenu à hauteur de 159 000 €, les travaux effectués ont une vocation plus durable que rentable. « Il nous faudrait attendre 31 ans pour avoir un retour sur investissement, analyse le couple. Nous aurions pu prendre la décision de rénover et revendre mais ce n’était pas notre objectif. Ce projet est une petite folie ! »

Le « grain de folie », Nicole et Claude Calvard le connaissent bien ! Après plus d’un an et demi de travaux, ils voient le bout de leur odyssée au 8 rue Emile Duclaux. « Lorsque nous avons acheté cet immeuble en 2018, on nous regardait comme des extraterrestres, se remémorent-ils. La Mairie avait pris des arrêtés de péril, notamment pour la partie arrière qui s’écroulait. L’ampleur des travaux était énorme, il y avait une part d’inconscience, il faut bien l’avouer ! » En plus des travaux de second œuvre, les planchers ont dû être cassés puis reconstitués en béton et le toit a été repris en raison d’une fuite importante.

Les aides publiques : un levier

Au total, 7 nouveaux logements ont été créés, parmi lesquels 3 seront des logements conventionnés. Pour ces derniers, Nicole et Claude Calvard ont bénéficié de plus de 112 000 € de subventions. « Sans les aides, nous n’aurions pas pu réaliser l’ensemble des travaux ni faire face aux aléas du chantier », précisent-ils. « Cet immeuble en plein cœur de la rue Emile Duclaux était inoccupé depuis plus de 30 ans, réagit Pierre Mathonier. Ces deux exemples de réhabilitation montrent que la vacance en centre-ville n'est pas une fatalité. Et que les dispositifs d'aides ont de réelles conséquences sur la production de logements de qualité.»  Neuf immeubles du centre aurillacois ont bénéficié ou font actuellement l’objet d’une réhabilitation complète. 

Forte de cette dynamique, la CABA travaille au lancement d'une nouvelle OPAH sur les 25 communes de son territoire. « Avec près de 1 000 projets financés et plus de 8,4 M€ de subventions versés lors de la précédente opération clôturée en 2021, nous avions à coeur de travailler rapidement sur un nouveau projet de convention pour la période 2023-2027, détaille Angélique Martins, Vice-Présidente de la CABA en charge de l'Habitat et de la Politique de la Ville. Nous allons notamment mettre l'accent sur la lutte contre la précarité énergétique et logements très dégradés avec une attention particulière aux porteurs de projets qui entreprennent des réhabilitations complètes de logements vacants en centre-bourg. »

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